45ème Festival de l’Epervier – 06/2012

45ème Festival de l’épervier : un rendez à soutenir !

Le 45ème Festival de l’épervier démarrera jeudi 14 juin 2012 à El Haouaria (Ras Adar), sous le signe «La fauconnerie, patrimoine culturel et environnemental authentique». Un rendez-vous annuel qui retrace l’attachement des habitants de la ville, à cette tradition bien installée dans leur vie de tous les jours.

 

Le programme de cette manifestation comporte l’organisation de spectacles d’animation retraçant la nature de la relation qui lie les habitants de El Haouaria à l’épervier, baptisé prince des cieux. A travers les démonstrations et les scènes de chasse, les visiteurs viendront se délecter de l’art de la volerie qui distingue les fauconniers du village. Un grand concours «d’esperveterie», qui est le nom donné à l’art d’apprivoiser les éperviers et de les dresser pour la chasse, désignera, comme chaque année, le meilleur fauconnier.

 

A l’ordre du jour du festival qui se poursuit jusqu’à dimanche 17 juin 2012, figure, aussi, l’organisation d’un séminaire sur la fauconnerie et la migration des oiseaux, ainsi que l’organisation d’une journée touristique dédiée à faire connaître le patrimoine culturel et archéologique du village. Une exposition d’articles d’artisanat sera également présentée.

 

La fauconnerie repose sur l’élevage et l’affaitage de deux espèces de rapace, à savoir l’épervier pour la chasse de la caille et le faucon «borni» ou pèlerin pour la chasse de la perdrix. El Haouaria compte quelques 150 éleveurs d’éperviers et 8 éleveurs de faucon « borni », une espèce menacée. Les organisateurs indiquent :
«A la différence des Emirats Arabes, où elle est réservée au prince, à El Haouaria c’est une activité de loisir tout à fait populaire et unique en Tunisie. Ni émirs du pétrole ni descendants des chevaliers européens du Moyen-Age, les fauconniers d’El Haouaria au Cap Bon sont, en effet, de simples paysans qui, depuis des siècles, se transmettent de pères en fils leur savoir-faire en matière de dressage des oiseaux de proie.

 

Avec beaucoup de gentillesse, les fauconniers reçoivent les visiteurs étrangers et leur font faire le tour de la propriété, leur montrant les portraits des différents rapaces accrochés aux murs ou leur expliquant les chemins compliqués empruntés chaque année par les oiseaux, guidés par un sens mystérieux mais exact de l’orientation. Rares sont ceux qui restent à El Haouaria ou qui reviennent fidèlement dans ce village pour retrouver leur maîtres de l’année précédente. Pourtant, il existe certaines exceptions : dans les années 1830, expliquent nos fauconniers, Cheik Ali Bennar, un habitant d’El Haouaria, a gardé son épervier pendant 30 ans et un autre encore, tout récemment, plus de 20 ans».

 

Toujours selon les organisateurs : «Les fauconniers doivent consacrer beaucoup de temps à ces oiseaux et déployer des trésors de psychologie pour en faire des animaux de chasse, en quelques semaines seulement. L’épervier, par exemple, est un animal très intelligent qui devient chasseur à l’âge de six mois. Tout le travail du dresseur consiste à découvrir son tempérament et à trouver les règles de dressage qui s’adapteront le mieux à sa personnalité. D’une manière générale, les fauconniers tiennent les rapaces à la fois par l’affection et par la faim. Les meilleurs chasseurs sont, en effet, les rapaces qui mangent beaucoup, digèrent vite et ont toujours faim, ce qui les pousse, sans cesse, à chercher des proies. »

 

Pour capturer les rapaces, les fauconniers d’ El Haouaria utilisent des pièges fixes ou mobiles, généralement des filets où un passereau vivant sert d’appât et où le rapace s’empêtre. Ils les disposent dans les montagnes pendant les migrations (début mars à fin avril). Leurs origines remontent à l’époque antique comme en témoignent certaines mosaïques exposées au musée national du Bardo à Tunis. La région d’El Haouaria est en effet riche en vestiges carthaginois et romains. Les plus spectaculaires sont les latomies d’El Haouaria.»